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JEAN-BERTRAND ARISTIDE (1953-)

 

Etudiant séminariste devenu prêtre salésien, il fait son entrée sur la scène politique en 1985 comme prêtre engagé partisan de la théologie de la libération et adversaire résolu du président Jean-Claude Duvalier.

En mai 1986, les partisans d'Aristide prennent en otage des membres de l'École Nationale des Arts et Métiers et certains de ses supérieurs ecclésiastiques, suite à la décision de ces derniers de le réaffecter ailleurs. Sous la pression, ses supérieurs annulent alors leur décision. Mais une politisation de plus en plus marquée du prêtre devient incompatible avec son apostolat aux yeux de ses supérieurs, en particulier la nonciature apostolique. Sur ordre du Vatican, ceux-ci décident de l'exclure de la Congrégation des Salésiens à la fin de l'année 1988 en l'accusant de mettre l'Église au service de la politique et d'exalter la lutte de classe.

Cette expulsion lui permit de se présenter à l’élection présidentielle de 1990, sous la bannière du parti Lavalas, ce qui eu pour conséquence de rassembler une partie du peuple qui jusque-là, s'était montré peu intéressé aux élections. Aristide est élu président d'Haïti le 16 décembre 1990, à l'issue d'une élection marquée par les menaces et les violences des partisans. Sa prestation de serment a lieu le 7 février 1991 et les premiers mois de son mandat, il essaye purger l'armée, l'administration publique et de réduire les actes de banditisme. Quelques mois après son accession au pouvoir, il est contraint à l’exil au Venezuela puis aux Etats-Unis  suite au coup d'État du 30 septembre 1991 mené par le général Raoul Cédras.

Pendant son exil, Jean Bertrand Aristide réussit à convaincre l'administration Clinton et les organismes internationaux à ne reconnaître que son gouvernement en exil et à instaurer un embargo contre son pays. Le soutien de ses partisans de l'intérieur et de l’extérieur, et la sympathie des congressistes noirs des États-Unis finissent par pousser les Américains à le rétablir dans ses fonctions, après avoir poussé Cédras à laisser le pouvoir.

Le 15 octobre 1994, protégé par 22.000 soldats américains sous mandat de l’ONU, Aristide revient en Haïti après un exil de trois ans. Lors de ses derniers dix-huit mois au pouvoir, il supprime les Forces Armées d'Haïti et crée une force de police nationale. Les élections du 15 décembre 1995 consacrent la victoire de son poulain René Préval, son ancien premier ministre.

Devenu simple citoyen le 7 février 1996, Aristide mène une vie discrète préférant garder une influence dans les coulisses. Il épouse en 1996, Mildred Trouillot, une citoyenne américaine née de parents Haïtiens qui lui donne deux filles. Il crée la Fondation Aristide pour la Démocratie, une sorte de centre de réflexion sur la politique et un laboratoire d'économie sociale. Sa villa à Tabarre devient un lieu de rendez-vous et de passage obligé des dignitaires visitant ou en mission en Haïti.

Pour préparer son retour au pouvoir, il fonde un parti politique dénommé Pati Fanmi Lavalas en 1996. Devant ces velléités, certains ténors du mouvement Lavalas des premières heures refusent d'emboiter le pas et se constituent en opposition. Les candidats de son parti sortent victorieux des élections du 21 mai 2000 ; élections décriées par les opposants et certaines organisations internationales comme une massive fraude en faveur des lavalassiens. La Convergence Démocratique, née du refus d'accepter le résultat des élections du 21 mai, ignore les partielles de repêchage et boycotte la présidentielle du 26 novembre 2000. Jean Bertrand Aristide est élu président pour la deuxième fois.

Il prend ses fonctions le 7 février 2001 dans une atmosphère de crise politique. Pendants les plusieurs mois, la crise s’enlise : embargo non-déclaré, violence de certains partisans d'Aristide (les chimères), corruption massive du gouvernement, émergence du groupe des 184 dirigé par l'haïtiano-américain d'origine libanaise André Apaid, meurtres dans des circonstances obscures du journaliste Jean Dominique et d'Amiot Métayer (ancien partisan et évadé de prison dont la tête a été réclamée par la communauté internationale).

Le mécontentement populaire se traduit de façon surprenante par la prise de certaines villes du Nord par les partisans des quartiers populaires des Gonaïves (l’Armée cannibale) constitués désormais en Front de résistance révolutionnaire aidés des anciens membres des Forces Armées. Le groupe des 184 (issue majoritairement de la société civile) change les données politiques et arrive même à éclipser l'opposition traditionnelle regroupée au sein de la Convergence. Avec ses grands moyens financiers, ses connaissances du lobbying international et des sympathies dans certaines ambassades à Port-au-Prince, les décideurs internationaux (particulièrement les Etats-Unis, le Canada et la France) finissent par agir contre Aristide. Dans des circonstances peu claires, le président Aristide est contraint à la démission le 29 février 2004 et s’enfuit à la Jamaïque, puis Centrafrique avant de s’installer en Afrique du Sud.

Le 3 novembre 2005, une plainte est déposée par le gouvernement haïtien contre l'ancien président Jean-Bertrand Aristide et sept autres anciens ministres et hauts fonctionnaires. Il est accusé par les partis d'opposition d'avoir volé à l'État des dizaines de millions de dollars au profit de sa famille et de ses proches, d'avoir participé au trafic de drogue et à l’instauration d’un climat de violence, notamment par le soutien aux bandes armées Chimères. Après le séisme de 2010, il retourne en Haïti.

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